Appel à communications
« Pouvoirs et VIH/sida. Qui gouverne au Nord et au Sud ? »
Journée d’études, 21 juin 2012, Paris
Cet appel à communications s’inscrit dans le cadre des journées scientifiques du Réseau des jeunes chercheurs « sciences sociales et VIH/sida » qui auront lieu les 21 et 22 juin 2012 à Paris. Largement ouvertes aux acteurs de la lutte contre le sida, ces journées s’appuient sur un dialogue entre des jeunes chercheurs, dont les travaux sont en cours, et des discutant-e-s plus expérimenté-e-s. Deux thématiques seront abordées cette année : la question des pouvoirs dans le champ du VIH/sida (le 21) et les enjeux de la médicalisation de la prévention (le 22). Le programme sera constitué sur la base de deux appels à communication diffusés indépendamment.
Depuis le début de l’épidémie, la lutte contre le VIH/sida n’a cessé d’être le théâtre de bouleversements des configurations de pouvoir et d’acteurs. Le développement de cette épidémie a généré une réinvention continue des formes d’actions traditionnellement déployées pour faire face aux problèmes de santé. L’apparition d’acteurs nouveaux sur la scène politique, tels que les associations de patients, les médecins ou les ONG, a contribué à la remise en cause des modes de gestion de la santé publique et transformé les rapports de pouvoir dans le champ de la santé et du VIH/sida, au sein d’une gouvernance mondialisée.
Le VIH/sida constitue un problème de santé publique global, dont les enjeux tendent à converger entre le Nord et le Sud : la tendance actuelle à la chronicisation de la maladie conduit ainsi à une reformulation radicale des relations de pouvoir au sein de contextes particuliers. En France par exemple, la proposition d’un dépistage communautaire rapide réalisé par des acteurs associatifs tend à recomposer les rapports de pouvoir entre le personnel médical, les membres de la société civile et les patients. Dans les pays en développement, l’objectif de l’accès universel à la prévention et à une prise en charge globale engendre de nouveaux enjeux. La gestion de l’afflux massif de financements puis de leur raréfaction, les modalités d’allocation des traitements ARV ou la restructuration des systèmes de santé modifient la configuration des rapports de pouvoir entre acteurs nationaux et internationaux d’un côté et acteurs locaux de l’autre.
Cette journée d’étude est organisée dans le cadre des activités du Réseau Jeunes Chercheurs « Sciences sociales et VIH/sida ». Elle a pour but d’échanger autour de la question des rapports de pouvoir dans le champ de la lutte contre le sida à l’échelle globale, nationale ou locale. En quoi ces rapports de pouvoir donnent-ils forme aux politiques de lutte contre le sida ? Comment s’expriment-ils ? Qu’est-ce qui les alimente ? Quelles sont les configurations d’acteurs qui structurent le champ de la lutte contre le sida ? Celles-ci présentent-elles des spécificités vis-à-vis d’autres actions publiques ? Comment peut-on lire les rapports de pouvoir à la lumière des actions mises en œuvre ? Tels sont les questionnements autour desquels pourront s’articuler les échanges.
Si les problématiques peuvent varier considérablement d’une aire géographique à une autre, nous souhaitons ici porter une attention particulière à la question de la circulation des idées, des pratiques, des savoirs et des financements, en faisant l’hypothèse que ces ressources nourrissent et transforment la négociation des rapports de pouvoir.
Cette journée s’articulera autour de trois grands axes:
1. Quelles sont les configurations d’acteurs et les rapports de force qui existent dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida ? Quels sont les conflits et tensions entre acteurs aux différents niveaux ? À quels bousculements des rapports de force assiste-t-on ? Comment ces rapports de pouvoir sont-ils traduits dans la mise en œuvre des politiques au niveau local ? Le contexte actuel de raréfaction des ressources réactualise ces questionnements autour des acteurs.
2. Quelles expertises et savoirs sont mobilisés dans la réponse au VIH/sida par les différents acteurs ? D’où viennent les idées qui guident l’action publique et comment s’imposent-elles ? Comment ces expertises parfois venues d’ailleurs font-elles évoluer les rapports de pouvoir au niveau national et local ? Ainsi, l’imposition des recommandations de l’OMS pour la prévention et la prise en charge dans les différents contextes nationaux est l’un des exemples les plus prégnants de ces « idées venues d’ailleurs ».
3. Quels sont les effets de pouvoir des discours du sida et des dispositifs de la lutte ? Quelles disputes et tensions naissent des confrontations morales sous-jacentes aux discours du sida ? De quelles inégalités et rapports de domination, le sida est-il révélateur ? Les tensions actuelles autour des MSM en Afrique ou des salles de consommation en France montrent bien qu’il reste nécessaire de s’interroger sur ces thématiques.
Les contributions pourront se concentrer sur le cas d’un pays, conduire une analyse qui embrasse simultanément les niveaux local, national, global, ou encore privilégier une analyse menée à partir des types d’acteurs (ONG, association de patients, Fonds Mondial, etc.) ou d’une thématique (accès aux ARV, diffusion d’une politique de lutte, etc.).
Les abstracts doivent atteindre 400 mots maximum et doivent être envoyés au plus tard le 30 mars à l’adresse suivante : gouvernance.sida@gmail.com
Les auteurs seront informés de leur participation au plus tard le 10 avril. Les contributions seront attendues au plus tard le 1er juin, pour envoi aux discutants. Elles seront discutées par des chercheurs confirmés.
Les contributions peuvent être écrites en français ou en anglais.
Comité d’organisation : Anne Bekelynck, Perrine Bonvalet, Elise Demange, William Tchuinkam.