Publics et pratiques médiatiques
(EUTIC 2012 – Metz, France)
Après Bruxelles, le réseau européen et interdisciplinaire sur les Enjeux et Usages des TIC (EUTIC) vous invite à son prochain colloque qui se tiendra à l’Université de Lorraine, site de Metz, les 17, 18 et 19 octobre 2012. Du premier colloque à Bordeaux (« Aspects sociaux et culturels », 22-24 septembre 2005) au dernier en date à Bruxelles (« Transformation des organisations, évolution des problématiques », 23-25 novembre 2011), les fondateurs du groupe de recherche international EUTIC et les organisateurs ont privilégié le caractère interdisciplinaire des études portant sur les enjeux des technologies de l’information et de la communication. Pour la huitième édition du colloque, les organisateurs de l’équipe du CREM (Centre de recherche sur les médiations) proposent d’articuler des approches déjà balisées par les colloques précédents (approches informationnelle, communicationnelle, didactique, linguistique, sociologique et culturelle) en renouvelant l’approche des pratiques médiatiques des TIC via une réflexion sur la notion de « public ».
Les TIC pour « rendre public »
En un espace à la fois homogène et composite, les TIC rassemblent différentes pratiques relevant d’espaces habituellement séparés : sphère privée, espace de travail et sphère publique. Il est alors utile d’observer comment s’interpénètrent ces pratiques pour comprendre les modalités d’entrelacement de ces trois espaces. La tendance à la « publicisation » – dans l’idée de l’action de porter à la connaissance du plus grand nombre – entendue comme accentuation de l’individualisation des pratiques créent une tension qui pousse à l’analyse. Aussi, les transformations des pratiques médiatiques face à cette tendance à vouloir « rendre public » méritent-elles d’être questionnées afin d’en comprendre les enjeux – que cela concerne une pratique amateur ou professionnelle. Sur les smartphones, par exemple, la culture du « Push » illustre ce besoin de rendre public tout en s’inscrivant dans une logique d’instantanéité et d’alerte. De même, les pratiques de redocumentarisation en ligne, par exemple via les sites de partage de signets ou les folkosonomies, interrogent le fonctionnement des dispositifs d’accès à l’information, et la dualité des médiations informationnelles.
TIC et segmentation des publics
L’entrée dans cette problématique des pratiques médiatiques peut également s’accomplir par le truchement de la notion de « public » prise comme ensemble segmenté de personnes susceptibles d’être touchées par un média en particulier (du grand public aux publics particuliers, aux publics cibles). Il est intéressant d’observer comment se construisent des images projetées de publics d’usagers des TIC dans n’importe quel discours de médiation (du discours informationnel au discours didactique). Les TIC peuvent ainsi être envisagées comme de nouvelles manières de « traquer » le public, de mieux le définir, le cartographier ou modéliser ses comportements afin de comprendre ses aspirations, donc d’engager des processus automatiques de personnalisation de l’offre. Ces questions de définition et de représentation des publics conduisent à aborder les enjeux de la conception de formes de TIC renouvelées.
Enjeux éditoriaux
Ainsi, les industries créatives du jeu numérique – qui cherchent à étendre leur public cible grâce à de nouvelles formes de jeux (jeux sérieux, jeux expressifs…) – s’inscrivent-elles particulièrement dans cet objectif. La segmentation des pratiques d’« un » public ou d’une audience s’observe aussi dans les sites d’information qui repensent aujourd’hui leur offre éditoriale pour, par exemple, tenter de capter le public sur toute une journée en lui proposant des modalités diverses d’accès à l’information dans un esprit de synergie entre les supports (journal papier le matin, mobile en situation de trajet domicile-travail, web depuis le lieu de travail…). Les enjeux éditoriaux peuvent également concerner les questions liées aux modèles pour la publication sur le web (offre éditoriale, publication scientifique…) ou, dans le cas des revues scientifiques, le recours aux normes (métadescription, vocabulaires…) dans le processus de production documentaire numérique (encyclopédies, revues, documents pédagogiques…). Pourront enfin être discutées ici les questions autour de l’adaptation des documents, la personnalisation des environnements…
Enjeux didactiques et éducatifs à l’ère des technologies numériques
La question de la caractérisation des publics constitue un véritable enjeu éducatif et didactique à l’ère des technologies numériques. En effet, l’école est un espace public dont l’un des principaux objectifs est de permettre une construction sociale dont l’élève ne doit pas être seulement un membre mais un acteur. Cette construction sociale se fonde sur la rencontre de plusieurs univers langagiers et culturels : celui de l’enfant, celui du milieu scolaire et celui de l’enseignant. Comment l’école accueille-t-elle ce public d’« enfants/élèves » dans le cadre de son projet qui est de faire accéder à une certaine forme de développement intellectuel et culturel, à un moment où l’élève a de plus en plus accès à une certaine connaissance en dehors de l’école ? Comment l’école réussit-elle à faire exister une littératie[1]traditionnelle face à une littératie qu’elle investit et connaît encore peu (les TIC et internet en particulier) ?
Émergence de nouveaux publics ?
Ces exemples soulèvent enfin des questions corollaires : les TIC engendrent-elles de « nouveaux » publics ? Observe-t-on des comportements radicalement différents par rapport aux pratiques antérieures ? Les différences éventuelles sont-elles plus marquées chez les jeunes ? La notion de « digital native » s’avère-t-elle un critère pertinent pour qualifier des publics ou des communautés ? Comment organiser l’accompagnement des publics, par exemple comment améliorer le suivi des étudiants pour mieux personnaliser l’offre de formation ?
Faire partie d’un public utilisant les TIC
Une troisième entrée consisterait à se situer du point de vue de l’audience De manière à observer les mutations et contaminations des pratiques des internautes d’un média à un autre serait une perspective envisagée. L’exemple des transformations du journalisme à l’ère du numérique montre combien il est intéressant d’observer les modifications de pratiques des internautes à travers l’influence des réseaux sociaux. Un article est non seulement lu, commenté, « twitté », mais également partagé entre internautes. Le webjournalisme, du point de vue de l’audience, repose donc sur un processus d’appropriation, d’enrichissement potentiel, de circulation voire de dissémination de l’information par les publics eux-mêmes. Le public peut être envisagé comme (co-)acteur de dispositifs impliquant la médiation des TIC. Quels enseignements peuvent être tirés des dispositifs participatifs ? La notion de « consomm-acteur » a-t-elle du sens ? Ces propositions d’étude des TIC à partir de la notion de « public » ne sont pas exhaustives, les contributions pourront envisager d’autres axes d’analyse questionnant les liens entre publics, pratiques médiatiques et TIC. Comme pour les dernières éditions du colloque EUTIC, l’objectif est en outre de croiser aussi bien les approches disciplinaires (sciences de l’information et de la communication, sociologie, sémiotique, anthropologie, science politique, etc.), que les secteurs d’activités (publication en ligne, webjournalisme, jeux numériques, enseignement à distance, campagnes publiques d’information à caractère sanitaire et social, médiations culturelles via les grands musées ou les événements culturels, communication patrimoniale, communication politique, etc.) et les objets d’étude (sites web, journaux en ligne, campagnes de communication en ligne, publicité en ligne, jeux numériques, Internet mobile, réseaux sociaux, outils collaboratifs en ligne, plates-formes pédagogiques, moteurs de recherche, etc.). Les propositions de contributions pourront investir ou mobiliser la notion de public ou s’en détacher explicitement au profit d’autres approches jugées plus pertinentes (usage(s)/usager (s) ; utilisation(s) / utilisateur(s), actant(s) / acteur (s), …) et s’inscrire dans l’étude de l’un des dispositifs socio-numériques suivants (liste non exhaustive) : – Dispositifs d’accès à l’information en ligne : sites web de médias, sites institutionnels, portails et moteurs de recherche … – Dispositifs de publication en ligne : sites de partage (photos, musique, vidéos, documents, signets…), archivage numérique, mutation des logiques éditoriales, sites de diffusion en streaming, publications scientifiques en libre accès, blogs, réseaux sociaux. – Dispositifs collaboratifs en ligne : forums, outils collaboratifs (encyclopédiques, collecticiels), environnements numériques de travail, outils de veille. – Dispositifs de médiation didactique : enseignement/apprentissage à distance ou hybride, enseignement/apprentissage assisté par ordinateur (didacticiels). – Dispositifs de production des industries culturelles : jeux en ligne, applications mobiles. – Dispositifs de reconfiguration des territoires : Remise en débat de la notion de frontière, enjeux et limites des redécoupages géographiques, historiques, politiques, sociologiques. <- …
Modalités de soumission de propositions
Les propositions de contributions doivent être rédigées en français ou en anglais et devront comporter les éléments suivants : Sur une première page : – Titre de la communication – Identification du ou des auteurs (en précisant dans ce cas la personne qui fera la présentation) : institution d’appartenance, fonction, adresse électronique, adresse postale complète, numéro de téléphone Sur la page suivante : – Titre de la communication – 5 mots clés – Résumé long (5 000 à 6 000 caractères, hors bibliographie) qui présente l’objet de la contribution, le cadrage théorique, la méthodologie, le corpus ou les données analysés et les principaux résultats obtenus ou attendus. Les propositions sont à envoyer pour le 4 mars 2012 au plus tard par courriel à l’adresse suivante :
Prière de mentionner dans l’objet : « proposition de communication EUTIC2012 »Les réponses aux auteurs seront données le 5 avril 2012. Les propositions acceptées peuvent faire l’objet de demandes de corrections par le comité scientifique. Les textes complets (25000 à 30 000 caractères, espaces compris) seront à remettre au plus tard le 10 juin 2012 pour publication selon les modalités qui seront communiquées sur le site du colloque. Une procédure de traitement prioritaire des demandes émanant de collègues devant faire appel à l’AUF (ou à un autre organisme) pour financer leur séjour ou ayant à formuler des demandes de visa est envisageable. Prière d’indiquer dans le mail d’envoi du résumé la nécessité d’avoir une réponse rapide.
Informations complémentaires
Lieu du colloque Université de Lorraine, site de Metz
METZ
Publication des actes
Toutes les contributions acceptées par le comité scientifique seront publiées dans le cédérom des actes du colloque. Par ailleurs, un livre collectif publié dans la collection « Actes » de la revue Questions de communication regroupera une sélection de contributions choisies après expertise du comité de lecture de la revue élargi à des membres du comité scientifique .
Nb : La publication dans les actes sur cédérom et dans le livre collectif est conditionnée par l’inscription effective de l’auteur (ou de l’un des auteurs), ainsi que par la participation personnelle de l’auteur (ou de l’un des auteurs) aux journées. Dans ce cas, l’inscription doit être prise au plus tard un mois avant la date d’ouverture du colloque.
[1] « Aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. » http://www.oecd.org/dataoecd/24/62/39438013.pdf. Consulté le 15 novembre 2012.